MINIMALISME 2 (ÇA COMMENCE PAR UN BRAQUAGE)

La fille qui me sert de banquière me demande si je consulte mes comptes en ligne.
Je lui dis que je n'ai qu'un seul compte.
Elle me répond qu'elle le sait vu qu'elle l'a devant les yeux.
Je ne vois que le cul plat de son ordi, je ne peux donc qu'imaginer l'état désastreux de mon compte. Je ne faiblis pas. Je la renseigne :
- Oui, des fois. Ça m'arrive, oui, de consulter mon compte en ligne.
Elle approuve de la tête, elle clique sur des trucs, je suis à la banque pour un chéquier qu'elle doit me remettre, elle ne me le remet pas, elle ne dit plus rien, elle reprend :
- Voulez-vous que l'on arrête de vous envoyer vos relevés de compte ?
- Pourquoi ?
- Parce que vous consultez vos comptes en ligne. C'est pour la planète.
- Hein ! Je lance. Qu'est-ce que vous avez dit ?
- Que nous pouvons cessés de vous poster vos relevés de compte. Si c'est par internet que vous consultez vos comptes, nous pouvons...
- Non. Je la coupe. Je veux que vous continuiez de me les envoyer. Et je veux mon chéquier. Et je n'ai qu'un seul compte. Je suis pressée, s'il vous plaît !
C'est limite si je ne l'implore pas. Elle jette un dernier coup d’œil à l'écran de l'ordi puis se décide enfin à me donner ce que je suis venue chercher.
Cette fille qui me sert de banquière, doit avoir dix ans de moins que moi, et l'aplomb qu'elle me montre, dévoile qu'elle sait à l'exact qu'elle est en train de réussir là où j'ai complet merdé : Le rang social.
Dehors, je serre des dents et étouffe un cri de souffrance psychologique. La cité est calme. Je croise des gens qui boitent, d'autres qui toussent, certains encore qui s'effacent. Il n’y a pas de fatalité, je suis là où je n'ai pas besoin de me la jouer. Je réintègre mon appart puis tape cette ânerie après avoir interrogé mon téléphone fixe qui m'indique que je n'ai reçu aucun message durant mon absence. (To be continued… ?)