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ALIFAX STREET
16 octobre 2014

MINIMALISME 1 (ICE CREAM AVEC LINDSAY LOHAN)

Tout son appartement sent le sucre. J'ai l'impression qu'elle a un énorme projet dans l'ouverture d'une fête foraine. Nous décidons de prendre l'air. Elle est essoufflée. Elle a fait plus d'une heure de "sport" sur console. Je pense à Mavis Gary et je décide de traîner des pieds comme Charlize Theron dans "Young Adult". Elle me demande pourquoi je marche de cette façon, que c'est assez ridicule et que je ne suis plus, depuis longtemps, une ado à la ramasse. J'accuse le coup, elle me dit que l'on pourrait se payer un shake chez Octavio. J'accepte tout en gambergeant sur le fait que je suis sûrement obsédée à recréer mon adolescence contre vents et marées. Je lui parle rapide de mon prochain roman qui doit sortir en janvier. Elle met un temps fou à répliquer : "Je ne savais même pas que tu écrivais. On en apprend tous les jours, la preuve !" Elle n'est pas curieuse quant à se renseigner sur mes productions littéraires, elle chantonne un air inconnu puis devient silencieuse aussi vrai que les pierres ont du mal à s'exprimer. Ne s'expriment pas. Le bar d'Octavio est encore désert. J'ai un billet de 10 en poche. Elle n'a pas de monnaie. Je commande un shake à la vanille, elle prend un grand café avec des trucs dégueux qui flottent à la surface, des morceaux de noisette (?). Nous restons debout au comptoir. La serveuse tire sur sa clope électro et paraît s’ennuyer à en mourir. La cité est morne. Le shake est tiède. Nous sommes identiques à un tableau d'Hopper. L'un des plus connus. Près d'une glacière hors-service, un poster de GTA5 est punaisé de travers. Il montre le dessin d'une jeune femme blonde qui ressemble un peu à Lindsay Lohan. Octavio n'a jamais existé, c'est seulement le nom de ce bar. Et je ne sais pas pourquoi. Elle se remet à chantonner puis prononce : "De toute manière, je ne lis aucun bouquin. Mais j'espère pour toi que tu auras du succès. C'est pas que tu le mérites plus que quelqu'un d'autre mais ça ne peut pas te faire de mal. Je suis pour le positif, les bonnes ondes. Je te soutiens virtuellement, je suis à tes côtés, ne lâche rien." Je ne touche plus à mon shake, ose un : "Merci, c'est cool." avant de me demander si je n'ai pas un réel retard de croissance. Sur le t-shirt de la serveuse, est imprimé : "Pegi 18". Je regarde encore la fausse Lindsay qui me sourit de traviole et un type dans mon dos s'exclame : "Octavio n'est pas là !?" La réponse est "non", je me perds dans la métropole tentaculaire de Los Santos.

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