MINIMALISME 7 (ZOMBIES SUNDAY)

Cassandre me parle de Jennifer Lawrence, de Jennifer Lawrence nue. Elle me parle aussi d'un type qui chante je ne sais quoi et elle emploie un vieux mot pour me parler de lui, elle dit : "Ce mec fait de l'esbroufe." C'est dimanche moins une heure. Il n'y a rien à faire le dimanche. Les autres jours sont presque pareils sauf que le centre com' est ouvert. Cassandre lutte contre des mauvaises pensées. Cassandre suit de près l'actualité des clowns tueurs. Cassandre s'ennuie, Cassandre ira peut-être voir "Annabelle" au cinéma si elle réussit à tirer un bon prix de sa collection de dvd (série X-Files) au magasin Easy Cash. Depuis peu, j’ai fait la connaissance de Trevor à Los Santos. Ce personnage est complètement taré et l’une des missions a été de buter 25 péquenauds en moins de 2 minutes. Je n’ai toujours pas commencé à écrire mon nouveau roman. Je préfère écraser des coyotes ou sauter en parachute pour aller dessouder par surprise un gros bonnet de la drogue qui habite sur les hauteurs de San Andreas. Cassandre s’inquiète ( ?) pour moi. Elle avance que je ne suis pas assez littéraire, pas du tout en fin de compte. Que si je me cantonne à poster des trucs sur les jeux vidéo, je ne suis pas prête à rassembler un semblant de lectorat. Elle ajoute que je dois citer des noms d’écrivains, des titres de bouquins et arrêter avec mes figurines en plastoc, mes manettes analogiques ou mes envolées de midinettes sur Diablo Cody, Ellen Page, Saoirse Ronan. Je ne la relance pas sur le sujet Jennifer Lawrence nue. J’en viens à me demander si ces textes minimalistes ont une quelconque importance pour moi. Et si je vais les continuer. Et si le fait de les archiver sur le web n’est pas complet inutile. Futile. Ma voix intérieure ne me fournit aucune réponse. Je pique un quad et je roule jusqu’à un téléphérique pour surplomber, le temps du trajet, les ravins profonds de Los Santos. Le dimanche, c’est plus que mort. Le dimanche, c’est comme les autres jours de la semaine mais sans le centre com’. Je demande à Cassandre si elle a une blague à me raconter. Elle n’en a pas. J’essaie d’en inventer une mais j’abandonne vite face à mon imagination stérile. Des noms d’écrivains, des titres de bouquins. Je prends un second téléphérique dans le sens inverse et inlassablement, je regarde encore les ravins profonds de Los Santos. « Ne change rien ! » Se réveille enfin ma voix intérieure. « Surtout, ne fais pas cette connerie ! Ok ? » Je n’approuve pas, descends du téléphérique à l’arrêt puis récupère mon quad avant de tracer loin de ce clavier, de Cassandre et des dimanches sans suite(s) impériale(s) de la vie.