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ALIFAX STREET
13 octobre 2014

JE N'AIME PAS CHLOÉ ALIFAX

Après quelques jours d'absence, si peu que j'en suis limite démoralisée, je retrouve cette espèce de sinistre geek de Kenzo qui m'accueille devant son ordi et qui m'annonce, sourire presque radieux sur le visage, qu'il a trollé une grande partie de la nuit et qu'il a réussi à rendre à moitié dingue, une meuf qui a tenté lamentablement de se défendre. Je lui rétorque qu'il est vraiment con mais ça le fait marrer davantage, et il veut à tout prix me montrer le forum où a eu lieu cette pathétique bataille. Je marmonne : "Ok, vas-y." Sans aucun enthousiasme. Mon mini déplacement chez Mina ne m'a pas remis les idées en place. J'ai gambergé comme une perdue, j'ai trouvé plusieurs trucs que j'ai noté, les feuilles doivent être quelque part dans mon sac, je crois quand même que je suis sur une assez bonne piste, j'ai du moins l'énergie dans les mots. Depuis plus d'un an, ça commence à faire long. "Regarde !" Il me dit, fier de lui. "C'est elle, Marina Fire, c'est elle la dinde que j'ai farci de trolls !" Je fixe l'écran, je lis en diagonale un débat puéril sur les jeux vidéo, des tirades sans importance. Kenzo (Son vrai prénom c'est Pierre) est complet excité en rematant ses saloperies, il pointe du doigt certaines de ses phrases qui le mettent en transe, sautille de son gros cul sur son siège puis éclate de rire quand la nana rend les armes en écrivant : "J'aimerai que vous cessiez de m'insulter. Je suis correcte avec vous. J'ai le droit de donner mon avis. Vous êtes ignoble, je ne vous aime pas. Vous m'entendez ? JE NE VOUS AIME PAS !!!" Kenzo Pierre (pseudo d'emmerdeur sur le net : Trashmilice) éclate de rire tandis que je déscotche de l'ordi, la cervelle identique à une serpillère qui viendrait de recevoir sa dose quotidienne de vomi. J'arrive à prononcer "Super ! A part ça, quoi de géant par ici ?" Il se calme. Il renifle deux trois fois. Il me répond : "La cité n'a toujours pas craqué. Je crois que ça ne se fera jamais. C'est foutu, on est devenu trop mou. Avant, les mecs tagués, aujourd'hui ils sont comme moi, ils passent leur temps devant des consoles ou des pc. On est des produits de la mode, on ne sait même plus se reconnaitre. Dans les centres villes, on a des cousins partout. C'est pitoyable. Tout est de ma faute !" Je le laisse délirer, je passe dans ce qui lui sert de cuisine, je trouve une bouteille de soda à peu près propre, je bois, je lui annonce que je me taille. Il ne remue pas, on ne remue jamais quand quelqu'un décide de partir, on s'en fout, on ne sait même pas si en fait, quelqu'un est venu nous voir. Pendant mon très court séjour chez Mina, j'ai écrit environ cinq phrases. Le début et puis la fin d'un roman que je n'espère pas trop long. J'ai aussi marqué deux repères genre : Le taf de la fille et le taf du garçon. Autrement, j'ai continué en solitaire mes exercices de kiné, j'ai bu, mangé, fumé, dormi, pas baisé, dansé pas mal saoule, pas lu pas joué pas liké et j’ai rigolé un peu. J'ai aussi tapé sur la tablette de Mina, cette phrase : "Je n'aime pas Chloé Alifax." Et je n'ai rien trouvé sur le web, personne, pas un blog où quelqu'un aurait écrit : "Je n'aime pas Chloé Alifax. Je ne l'aime pas du tout." Dans ma boîte aux lettres, je récupère de la pub et un seul courrier qui est un rendez-vous pour un job. Je repense à Kenzo le troll et j'écarte de mon esprit, mon pseudo début de roman qui prend trop de place. "How I live now" dirait Daisy. Je lui sourirais avant de lui répondre : "Le. Temps. A. Passé. C'est. Tout." Et elle comprendrait. Certaine.

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